L’invité spécial : Enza Fragola pour le Sidragtion

Enza Fragola est mon invitée spéciale. Non pas pour parler d’elle, mais d’une très belle action qu’est le Sidragtion. Depuis plusieurs années maintenant, le week-end du Sidaction, des Drags arpentent le marais afin de récolter des dons.

Enza en est l’une des créatrices avec Minima Gesté (en interview ici), rejointes ensuite par Emily Tante. Elle nous parle de l’histoire et de la version en ligne de cette année si particulière.

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Peux-tu revenir pour nous sur la création et la naissance du Sidragtion ?

La première année où on a battu le pavé était en 2016. On était 13 et on avait collecté 2 078,77 €.

En réalité, en 2015, j’avais déjà envie d’organiser un événement du genre. J’en avais un peu parlé autour de moi mais, je n’avais pas réussi à le concrétiser. Je suis hyper messy et à posteriori je pense que le milieu n’était pas encore assez mature pour porter ce genre de projet. Parler même d’un « milieu Drag » à cette époque était assez prématuré. On était aux prémices de Maison Chéri.e, la première Drag House de Paris. L’extravag’Enza était le seul Drag Show de la capitale avec une scène ouverte.

Notre rencontre avec Minima Gesté a permis de donner réalité au Sidragtion en 2016. À l’époque, il n’y avait pas de projet caritatif dans la sphère Drag. Mais il y avait une réelle envie de servir la communauté LGBTQIA+. Minima est bien plus ordonnée que moi et ça pris facilement.

Comment as-tu découvert les Begging Babes d’Amsterdam qui vous ont inspiré ?

J’ai toujours cultivé de forts liens avec Amsterdam et la House of Hopelezz. C’est l’une des plus grande Drag House d’Europe. Véritablement dès mes premières sorties en Drag. Enza a pris corps en juillet 2014, en perdant fabuleusement au 1er Dragathon, et le 1er août j’étais sur scène aux Drag Olympics d’Amsterdam pour fêter mon anniv’ en jetant des sacs à mains sur une foule impressionnante.

C’est à ce moment que j’ai rencontré les Hopelezz dont je suis tombé in love. Ils sont très engagés dans leur communauté. Les Begging babes, le Superball, et bien d’autres actions, ce sont des moteurs dans leur communauté. Ielles ont toujours été une grande source d’inspiration et un modèle pour Maison Chéri.e.

Enza Fragola interview dragqueens.fr

Est-ce un projet qui a emballé beaucoup de monde assez rapidement ?

Oui, avec Minima, on a trouvé ce succès assez déconcertant. Le nombre de participant.e.s a quasiment doublé d’année en année. Une courbe de croissance exponentielle 😁 vers l’infini et l’au-delà…

Je pense que cela s’explique pour une foule de raisons. La cause qui nous réunit déjà : la lutte contre le VIH et les Hépatites virales, nous concerne tou.te.s. Elle est toujours importante et actuelle. En France, près de 6 200 personnes ont découvert leur séropositivité VIH en 2018. Cette année avec la crise du covid, les associations ont d’autant plus besoin de nous.

Ce n’est pas compliqué de participer sur Paris. Les gen.te.s s’inscrivent sur Facebook et il y a un rendez-vous. On est en groupe, tous en ensemble. C’est convivial. L’année dernière, 69 Drags, (queens, kings, freaks) d’un coup on envahit le marais. On a sillonné tous les bars, les restaurants, les lieux de convivialité, plusieurs fois, c’est de l’ordre du Drag Attack. Je pense que c’est devenu un moment particulier de la communauté.

C’est drôle et directement au contact des gen.te.s. Il faut alpaguer les badauds, et trouver comment se faire remplir la boîte à dons. Il y a de nombreu.x.ses débutant.e.s, c’est un super baptême du feu, un week-end de saint Sida.

C’est pragmatique. Dans les semaines suivant l’action, on fait les comptes et les participant.e.s connaissent à combien eilles ont pu contribuer individuellement. Et même le titre de Mis.ter Racolage est décerné pour la personne, ayant collecté la somme la plus importante.

Il y a de plus en plus de Queens chaque année, comment cela se passe ? Elles vous contactent pour y participer ou c’est vous qui proposez ?

Les deux ! Plus on est nombreux.ses plus l’organisation est complexe d’où ma soeur Emily Tante qui a rejoint l’organisation. On a un événement privé sur Facebook pour s’organiser entre Drags en plus de l’événement publique. On y invite beaucoup de personnes, et on peut aussi nous contacter pour y être invité. Ça nous permet de maîtriser des détails logistiques, le nombre de boîtes à dons nécessaire par exemple.

Techniquement le déroulement du Sidragtion : Les gens.te.s s’inscrivent pour qu’on leur réserve une boîte à dons sur Facebook. On donne rendez-vous généralement au centre LGBT pour les distribuer, prendre des photos, faire un discours pour rappeler ce qui nous réunit : La lutte contre le VIH et les Hépatites virales. On rappelle les consignes de sécurité. Ensuite la collecte commence en groupe. Les participant.e.s circulent dans le marais toutes la soirée. Vers la fin de soirée vers 22 h, on a un rendez-vous pour récupérer les boîtes et chacun.e peut continuer sa nuit individuellement. Il y a aussi des soirées partenaires, avec des Drags shows.

Cette année, il était question de faire 2 jours de collecte. Car l’année dernière, être si nombreux.ses a peut-être montré ses limites et saturé la capacité des personnes présentes à donner. Donc on a envisagé d’étaler l’action sur 2 jours.

Peux-tu rappeler aux lecteurs la somme récoltée l’année dernière ?

10 815,34 € en comptabilisant aussi la participation de Lille. D’autres collectifs, dans d’autres villes ont voulu mettre en place aussi la même action. L’année dernière, la house of jambon beurre avec une vingtaine de personnes participait au Sidragtion.

Enza Fragola interview dragqueens.fr

Ce sont des montants que vous pouviez espérer à la création ?

Quand on a commencé, on imaginait faire une somme proche des Begging Babes. Les Begging babes existent depuis au moins 15 ans. Seulement ça n’est pas comparable car la loi, et l’organisation n’est pas la même à Amsterdam. Ielles n’ont pas le droit de collecter directement dans les rues. Ielles le peuvent seulement dans les établissements LGBT.

Donc, en 2016, on s’imaginait récolter dans les 1000 €, et finalement on avait déjà collecté le double.

Entre nous, chaque année on espère doubler le résultat de l’année précédente. Jusqu’ici on a presque réussi. Personnellement, avec la crise sanitaire cette année, je pense que ça sera une exception dans cette courbe progressive. Espérons que je me trompe.

Tu évoquais la collecte dans plusieurs villes de France c’est ça ?

Oui, plusieurs collectifs nous ont contactés. C’est absolument génial de voir l’idée se diffuser. On les remercie grandement de leur investissement. Je ne peux pas vous révéler quelles villes, car on veut garder le suspense, mais elles sont 6. C’est incroyable.

Cette année vu la situation pas de collecte dans les rues mais en ligne avec un bingo. Peux-tu nous parler de l’événement ?

En effet, la collecte des rues est reportée. La date n’est pas encore fixée mais on n’abandonne pas. Minima étant la Queen of The drag bingo apéro, elle a naturellement proposé d’en organiser un.

Emily via ces contacts nous a mis en relation avec le Sacré. Nous serons donc toutes les 3 avec des acolytes en direct depuis le Sacré sur la chaîne youtube de Minima. C’est le Dimanche 29 à partir de 17 h 30 pour faire 3 parties de bingo ponctuées de surprises, de djsets, et avec de magnifiques lots.

Pour participer, les instructions se trouvent dans un événement Facebook sur la page du Sidragtion.

sidragtion bingo visuel

Et en plus, ou à la place, des grilles, tout le monde peut faire un don c’est bien ça ?

La participation et les grilles sont gratuites donc en effet, on vous encourage grandement à faire des dons. Le lien de la cagnotte est déjà disponible. Certains ont commencé à faire parler leur générosité. On a vraiment hâte d’être à dimanche !

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Merci à Enza Fragola pour toutes ces informations et ces précisions. Un site sur les Drags Queens était obligé de mettre en avant cette très belle initiative.

Les dimanche soirs sont souvent moroses encore plus en ce moment. Alors pourquoi ne pas en profiter pour vous amuser seul, entre amis ou en famille, même à distance. Prenez des grilles, faites un don si petit soit-il et laissez vous porter par l’ambiance et les 3 animatrices.

Et si vous voulez plus d’infos sur les chiffres, ce que deviennent vos dons ou toutes autres questions, rendez-vous sur le site du Sidaction en cliquant ici.

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