La Poutre, la Drag boudeuse

La Poutre, Drag Queen aussi dure et rigide que disponible est mon invitée aujourd’hui.

L’occasion de discuter avec elle de son parcours, de son travail, ou encore de son collectif.

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Est-ce que tu peux nous dire de quelle manière tu as découvert l’art du Drag ?

J’ai découvert le Drag en vivant un an au Texas quand j’étais adolescent. C’est là-bas qu’on m’a parlé de Drag Race notamment. Mais je me suis vraiment penché dessus en découvrant la vie nocturne Queer à Paris. Notamment aux soirées House of Moda qui avaient lieu à la Java. C’est là-bas que j’ai pu comprendre ce qu’était réellement le Drag. Je suis née dans le club.

Il y a quelque chose qui te plaisait plus comme aspect ? 

Principalement, la scène. Il faut dire que ma première performance a eu lieu à la Cigale avec le groupe Bagarre. C’est le genre d’expérience qui vous rend tout de suite accro au spectacle. D’autant que rien n’égale les sensations que procure la scène. C’est unique et c’est un réel exutoire pour moi, étant quelqu’un d’assez réservé de nature.

Bien sûr, il y a aussi le fait d’aller à l’encontre des normes du genre, de porter un message politique, et de toucher à toutes les formes d’artisanat de la coiffure au maquillage en passant par la couture. Mais c’est littéralement ce que tout Drag performer dit en interview.

Est-ce qu’il y a eu une personne, ou un événement, qui t’ont aidé à franchir le pas de faire toi-même du Drag ? 

Klaus Wiekind. On a tout découvert ensemble, et je n’aurais peut-être pas franchi le pas si nous ne nous étions pas engrainé.e l’un.e et l’autre. L’entrée gratuite en boîte, et les verres offerts, ont sans doute pesé dans la balance aussi.

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 Tu as une anecdote sur ta première fois en Drag Queen ? 

J’étais super moche ! Mais il y avait ça de jouissif avec le fait d’être moche en public. Ça apprend le lâcher prise, et une forme d’humilité. Je recommande à tout le monde d’être affreux.se en soirée, ne serait-ce qu’une fois.

Pour parler de La Poutre, comment pourrais-tu la présenter en quelques mots ? 

La Poutre ne pratique pas la langue de bois. C’est la boudeuse du fumoir, avec sa bouche couleur cendres. Elle est dure, rigide, parfois même un peu veineuse. Droite dans ses bottes, quand elle n’a pas trop bu. Elle a des convictions, elle est franche du collier, est souvent en colère, et elle a toujours l’air de partir à la guerre. Elle arpente, charpente apparente, les clubs et les cimetières.

Ses références sont les gothiques qu’elle a fréquentés pendant son adolescence et les bombes de l’Est qui n’ont peur de rien. Mais sous ses grands airs je vous assure qu’elle est très à l’écoute. Parfois, elle fait même des blagues.

Est-ce qu’elle te ressemble dans la vie civile ?

J’ai du mal à me dissocier de “La Poutre” car il s’agit aussi de mon surnom hors Drag. Disons simplement qu’elle est une version extrême de moi-même.

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Ce pseudonyme a-t-il une histoire ou signification pour toi ? 

C’est libre à interprétation. Je n’ai jamais fait de gymnastique en tout cas.

Tu fais partie du Dépotoir, peux-tu nous en parler un peu ?

Le Dépotoir est un collectif. Je pourrais aussi bien dire qu’il s’agit d’une house car ils sont comme ma famille : Angora, Diana Frask, Etoile de Merde, Farfouline, La Lauby et Klaus WieKind.

Nous étions un groupe d’amis depuis longtemps, mais nous avons “officialisé” la chose lorsque nous avons participé au Superball 2019 à Amsterdam. Après avoir gagné quelques trophées, on est rentré.e.s à Paris pour organiser notre soirée : la “Non Merci”. La crise sanitaire est passée par là, mais mon petit doigt me dit qu’elle fera bientôt son retour. Nous sommes très différent.e.s dans nos Drag, d’où notre nom, mais nous partageons la même vision de la scène.

Tu créés et t’occupes de perruque aussi. La coiffure est une passion depuis toujours ? Ou tu appris avec le Drag ?

Je n’ai pas de background de coiffeur, c’est pourquoi j’ai versé beaucoup de larmes, de sang et de sueur en apprenant à coiffer des perruques pour mon Drag. Mais cet apprentissage à la dure s’est transformé en passion, et désormais je me sens assez confiant pour en faire mon métier. Je suis actuellement en formation de perruquier-posticheur. Il s’agit d’une reconversion professionnelle totale, de base je suis chargé de communication.

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Peut-on faire appel à toi si besoin pour une création ou pour sauver une wig en détresse ?  Si oui de quelle manière ?

Pour les wigs en détresse j’ai une astuce pour vous : l’allumette.

Pour une création en revanche on peut en discuter, il suffit de me contacter en mp sur les réseaux. Selon les périodes, je peux mettre mon énergie dans du custom, mais sinon je vais vendre régulièrement des perruques déjà coiffées par mes soins.

J’ai l’impression que tu es moins « active » que d’autres Drags de ce qu’on en voit sur tes réseaux. C’est par manque de temps ? Ou le Drag pour toi est à petite dose ?

C’est juste. La raison principale c’est que je ne fais pas de Drag dans le but d’être connu. Je comprends ce petit plaisir de se faire beurrer l’égo sur les réseaux sociaux. C’est agréable d’être visible, j’y ai goûté au tout début de mon Drag en participant à des projets imposants et adressés au grand public. Mais aujourd’hui, ce qui m’intéresse surtout c’est de faire du Drag pour l’amour du Drag. Ce qui m’importe le plus, c’est de faire mes propres projets en compagnie de gens avec qui j’aime travailler.

Certains diront que je suis snob, mais mon but à moi n’est pas de faire de mon Drag une affiche publicitaire pour des marques ni de se battre avec les autres pour un quart d’heure de gloire éphémère. Je ne voudrais pas gâcher ma passion en la transformant en objet du capitalisme. Ce n’est pas des followers qui vont me sauver de la dépression. Le plaisir avant le business !

As-tu un petit message pour les lecteurs pour terminer ? 

Non merci !

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Merci encore à La Poutre d’avoir fait un détour par Dragqueens.fr. Si vous désirez suivre son travail ou la contacter pour vos perruques, cliquez ici.

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