L’artiste invité : Yelle

Aujourd’hui, mon artiste invitée en interview est la chanteuse Yelle. À l’occasion de la sortie de l’album L’ère du verseau.

Celle-ci fait de la promo dans de nombreux grands médias. Je suis vraiment ravi qu’elle ai accepté très rapidement et facilement un entretien téléphonique afin de parler de musique et de DragQueen. C’est une personne vraiment sympathique et simple, j’espère que cela ressortira dans ses réponses.

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Pouvez-vous nous dire quel est votre rapport avec le monde des DragQueens ?

Je dirais que c’est assez lié à mes débuts dans la musique depuis une quinzaine d’années. Avant, je savais que ça existait et ce que s’était évidemment. Mais venant d’une petite ville à la campagne, c’est vrai qu’il n’y avait pas d’endroits ou autres pour en voir se produire. C’était très mystérieux pour moi et j’aimais cet aspect personnage moi qui ai fait beaucoup de théâtre. J’aime aussi le côté paillettes, s’habiller pour se produire et pousser une esthétique sur scène comme par exemple aussi Madonna ou Mylène Farmer. Et depuis que je fais de la musique j’ai plus d’occasions de voir des Drags ou des spectacles. J’en ai même vu performer sur mes morceaux. Ça s’est hyper cool à chaque fois que je reçois une petite vidéo.

Vous en avez déjà vu en spectacle ?

Oui dans des bars s’est arrivé. Mais je n’ai jamais vu un vrai show plus conséquent on va dire. Pourtant j’ai rencontré il y a quelques années un couturier pas loin de chez moi. Ils avaient monté un spectacle ici dans les Côtes d’Armor et ils voulaient m’inviter. Mais on n’a jamais trouvé le bon moment pour y aller et je ne désespère pas.

Vous aimeriez une transformation totale un jour ?

Oui ça serait très intéressant. Quand je parle de personnage, moi en ayant un surnom et en me mettant en scène j’ai déjà un peu l’impression de me « grimer ». Même si ce n’est pas très poussé. Mais je trouve ça intéressant pour le côté liberté, incarner quelque chose de loin de nous ou d’un autre sexe. C’est assez jouissif. Il y a vraiment une magie qui s’opère qui déverrouille plein de choses et cela permet de passer des messages ou d’être tout un panel d’autres personnalités.

yelle interview dragqueens.fr illustrationYelle by @marcinkempski

Niveau actualité c’est la sortie de votre album L’ère du Verseau, êtes-vous contente déjà de l’accueil ?

Oui je suis vraiment hyper contente de l’accueil. Je suis heureuse notamment de pouvoir encore surprendre les gens. Car j’ai l’impression qu’avec cette nouvelle esthétique et des morceaux un peu plus intimes qu’avant, on peut encore toucher notre public et leur montrer une autre facette. Ça fait vraiment du bien de recevoir beaucoup de positivité dans l’ensemble.

Comment se sent-on lorsqu’on travail longtemps sur un album et ne pas pouvoir vraiment le présenter dans de bonnes conditions avec la crise sanitaire ?

C’est vrai que s’est particulier. On dit souvent qu’on fait de la musique temporelle et qui est ancrée dans une période avec des sonorités propres à ce qu’on aime sur le moment. Donc pour nous, il était évident qu’il fallait qu’on sorte cet album. On ne se voyait pas le décaler même d’un an car ça n’aurait pas eu la même histoire. On venait juste de finir le tournage du clip de Je t’aime encore 48 h avant le début du confinement. Comme il était prêt on ne l’a pas gardé de côté.

Et bien que je ne sois pas friande personnellement de faire des concerts en ligne ou autre, je trouve que c’est aussi notre devoir en tant qu’artiste de donner des choses à écouter et à voir. Et la date de sortie en septembre n’a jamais été repoussée dans notre tête on s’est dit qu’on s’adapterait. L’art de manière générale ça fait du bien aux gens. Ca leur permet de rester alertes en étant touchés, bousculés ou émus. Il faut qu’on continue ce qu’on a à faire.

Pouvez-vous nous parler un peu de ce travail et du processus de création des moreaux ?

Il n’y a pas vraiment de recette. Certains morceaux naissent d’une discussion, d’un rêve, ou d’une mélodie qui arrive en tête.  Pour cet album il y a des morceaux qu’on avait débutés il y a 2 ou 3 ans et on ne les avait pas jetés. On se disait qu’il y avait quelque chose mais ce n’était pas mûr. Il y a beaucoup de patience dans la création, et d’autres sont venus au contraire assez vite et spontanément. On est toujours avec Grand Marnier à la base. Lui il compose et on écrit ensemble les paroles, il y a toujours des moments de discussions et d’échanges. On a peu besoin de discuter car on se connaît depuis des années. On a laissé les morceaux se créer et il y a un moment où on s’est sentis prêts. Et là tout s’est vite mit en place.

yelle interview dragqueens.fr

Nous évoquions Je t’aime encore. Beaucoup de fans débattent sous le clip pour savoir si vous parlez de la France ou non. Quelle est la réponse de l’interessée ?

Oui. À l’origine s’est vraiment une Lettre à France. On a eu envie de raconter cette histoire sur le mode histoire d’amour et de couple, car il y a parfois des parallèles avec notre rapport avec la France. Ce n’est pas vraiment une chanson amère, s’est juste un constat et un bilan. Ça dit qu’on se connaît depuis longtemps, qu’on vit des choses ensemble, qu’il y a une vraie force dans notre partage et en même temps parfois on ne se comprend pas du tout. On est parfois chamboulés et on se rend toujours compte qu’on se manque et qu’on a besoin l’un de l’autre. On est un groupe qui tourne beaucoup à l’étranger mais on chante en français, on vit en France, on a vraiment cet attachement particulier avec notre Pays.

Justement, vous êtes connus dans le monde entier, vous avez fait notamment 3 fois Coachella ce n’est pas rien, est-ce que cela vous fait quelque chose d’être un peu plus reconnu à l’étranger ?

Ça ne me touche pas vraiment, car moi je trouve un équilibre dans cette vie aussi à l’étranger. J’ai de la chance de pouvoir vivre de ma musique de cette manière. Quand on a commencé on n’était vraiment pas beaucoup de groupes français, encore moins en chantant en français, à tourner à l’étranger. On se sentait privilégié de ce qu’on pouvait créer avec le public américain ou asiatique, c’était vraiment particulier. Ça me plait car c’est différent de certains modèles, et ça ne nous empêche pas d’avoir un public fidèle en France. Ça fait partie de l’histoire et de l’ADN de Yelle.

yelle interview dragqueens.fr

Vous sortez le 4ème album, et dans la tête du grand public lorsqu’on évoque Yelle, c’est toujours le single Je veux te voir qui vient en tête. Est-ce qu’on se dit parfois, a quoi bon avez fait d’autres chansons ?

(rires). C’est vrai que parfois on se dit « zut, j’ai fait 4 albums et on ne me parle que du premier » mais en fait ça fait vraiment parti de l’histoire. C’est le morceau qui m’a révélé donc ce n’est pas désagréable. Je me dis aussi que les gens curieux creuseront un peu plus dans ma carrière. Moi aussi ça peut m’arriver avec certains artistes de rester en surface et de passer à côté de certaines choses que je découvre des années après. Donc je comprends, les gens dans leur vie ne sont pas tous curieux ou n’ont pas le temps simplement d’aller plus loin que ce qu’on leur met sous le nez. C’est comme ça mais ce n’est pas très très grave.

Cet album sera tout de même défendu sur scène. Nous évoquions l’univers esthétique de Yelle, savez-vous déjà ce que le public pourra voir lors des concerts ?

On travaille encore sur les costumes et sur l’univers. Nous avons envie de quelque chose qui soit chaud et froid en même temps. Quelque chose d’enveloppant et un peu de noirceur. Tout le challenge en ce moment est de trouver l’équilibre entre les 2. Il y a ce truc de montrer et de cacher qu’il peut y avoir aussi dans la tenue du clip de Je veux un chien, avec ce maillot de bain à la fois très échancré et les gants et collants jusqu’au bout des pieds. On a envie d’être dans la suggestion, c’est un gros défi et dans quelques semaines on sera en résidence pour concrétiser tout cela. Ce n’est que dans nos têtes pour l’instant.

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Merci encore à Yelle et son équipe d’avoir mis sur pied cette interview très rapidement et aussi facilement. Je vous invite bien entendu à écouter ce nouvel album et les précédents si cela vous a donné envie. Vous pouvez aussi la suivre sur son Instagram.

Je vous mets ci-dessous les dates de la tournée avec les dernières mises à jour, il est plus que jamais nécessaires de soutenir les artistes sur scène lorsque cela est possible.

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