La Queen Internationale : Tokyo De Ville

Cette semaine, c’est en Macédoine du Nord que je vous invite afin de rencontrer Tokyo De Ville. Je suis ravi de pouvoir vous faire découvrir des Queens exerçant cet art dans des pays aussi différents et pas forcément les plus « connus » pour savoir comment le Drag est perçu.

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Pour débuter, peux-tu nous dire depuis combien de temps tu fais du Drag ?

J’explore le monde du Drag depuis l’âge de 16 ans, depuis la première fois que j’ai découvert cet univers, je suis devenu accro. Je fais du drag depuis deux ans maintenant.

Comment as-tu découvert cet univers ?

J’ai été initié au monde du Drag par un ami très cher qui m’a montré la célèbre émission de télévision. Au début, je ne savais pas ce qu’était tout cela, mais peu de temps après, j’ai réalisé que c’était quelque chose qui m’était destiné non seulement pour essayer pendant une nuit, mais pour le faire à long terme.

À quelle occasion as-tu fais du Drag la première fois ?

Ma première fois en Drag, c’était quand j’avais 8 ans et c’était pour la mascarade de l’école. En Macédoine, le premier avril est célébré avec des mascarades dans tout le pays et pour cela, se déguiser est tout à fait bien vu. Mais à part ça, en 2018 (toujours pour le 1er avril) j’ai assisté à un concours de drag (qui se déroule chaque année à Skopje depuis 2017) et ma première sortie a été validée avec la couronne, faisant de moi le vainqueur du concours.

As-tu un souvenir précis de l’une de tes sorties en Drag ?

Chaque fois que je sors en Drag est mémorable, chaque fois que je donne vie à mon personnage est un jour inoubliable. Je n’oublierai jamais le moment où j’ai rencontré David Hoyle, également connu sous le nom de The Divine David. Il a été mon inspiration pendant si longtemps et je n’ai jamais pensé que j’assisterais même à l’un de ses spectacles et encore moins le rencontrer. Nous étions invités pour la «Skopje’s Pride Weekend» où il a joué son spectacle «Diamond» la veille de ma représentation. C’est un souvenir que je n’oublierai jamais.

Tokyo Deville interview dragqueens.fr

Comment qualifierais-tu ton style en quelques mots ?

Pour moi, il est difficile de définir quelque chose qui change tout le temps, quelque chose de diversifié et quelque chose qui grandit avec moi. Pendant un bon moment, j’ai joué sur le côté reine du vintage, mais au fil du temps, je me découvre davantage, je me retrouve à aimer être vue par le public comme un trip acide inoubliable.

Comment as-tu créé ton pseudo ? A-t-il une explication ?

Je m’appelle Tokyo de Ville et c’est un jeu de mots. J’ai été inspiré par la capitale du Japon et le méchant emblématique de Disney Cruella de Vil. Mais je voulais aussi faire un twist. Je suis amoureux de la France en général, de la culture et de la langue française. Et je voulais ajouter quelque chose de Français dans mon nom, j’ai donc changé l’orthographe. De Ville fait référence au diable, mais le jeu de mots est que lorsque vous mettez mon nom de famille en premier. Cela devient Ville de Tokyo, ce qui signifie Tokyo City.

Le fait d’être DragQueen en Macédoine est perçu comment ?

Globalement, le Drag est devenu courant et les gens en Macédoine ne sont pas étrangers à ce monde. Mais d’un autre côté, il y a encore des gens qui ont besoin d’être éduqués sur ce que signifie le Drag. Beaucoup de gens voient nos événements comme une provocation aux valeurs «traditionnelles». À une occasion, nous avons été étiquetés par une presse en ligne comme des «travestis nus». Ce qui prouve bien que les gens ne sont pas tous familiers. D’autre part, le Drag est soutenu par de nombreuses personnes ici. J’ai eu la chance de parler de l’art du Drag lors de la «Engage Conference». Et même de défiler sur le podium lors du Skopje Fashion Weekend.

Est-ce qu’il y a beaucoup de scènes ou de lieux pour que les Drags se produisent ?

Les artistes Drags se comptent sur les doigts d’une main. La scène est relativement nouvelle, elle existe depuis 2018. Mais jusqu’à présent, les artistes de Drag ont eu de nombreuses occasions de se produire. Il n’y a pas de spectacles programmés (par exemple, chaque vendredi un spectacle de Drag a lieu dans un club particulier). Parfois, les artistes organisent les spectacles. Mais aussi, ils sont invités par des ONG pour certains événements ou invités par des clubs.

Tokyo Deville interview dragqueens.fr

Comme c’est récent, j’imagine qu’il n’y a pas encore beaucoup de représentation de l’univers Drag dans les médias ?

L’art du drag n’est pas représenté dans la culture ici. Il y a des gens qui s’habillent pour la télévision ou le théâtre. Mais c’est juste pour le divertissement, qui est similaire mais totalement différent du sens du Drag. Ils ne rencontrent pas les obstacles auxquels nous sommes confrontés chaque jour, ni ne sont jugés par la société. La différence est qu’ils le font pour de l’argent, et je le fais par passion ce qui mène au jugement. Il y a tout de même un artiste Drag de Macédoine qui produit de la musique sous un nom de Drag.

Peux-tu revenir sur ton défilé à la Skopje fashion week, comment cela est arrivé ?

Le week-end de la mode de Skopje était un événement auquel je voulais vraiment assister en tant que membre du public. Je n’ai jamais pensé que je serais invité à marcher sur le podium d’Irina Tosheva. Irina Tosheva, la créatrice qui m’a invité, a vu deux de mes performances et a voulu que je participe à la présentation de sa collection «REM» sur le podium. Ce fut une expérience inoubliable de parcourir la piste en tant que Drag Queen dans un pays majoritairement conservateur. En plus, toute cette expérience m’a ouvert de nombreuses portes.

Pour terminer, as-tu des projets que tu aimerais évoquer ? 

Dans de tels moments, peu de gens connaissent leurs projets à la suite du COVID-19. Espérons que tout reviendra bientôt à la normale pour que nous puissions tous remonter sur scène.

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Merci à Tokyo De Ville d’avoir accepté mon invitation. Et un petit message pour elle : Ви благодарам за вашето време и што ми верувате за ова интервју.

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