Vernita Green, la Drag bourgeoise

Vernita Green est la DragQueen que j’ai le plaisir d’accueillir et de vous présenter ci-dessous.

Basée à Lyon, cette Drag pleine d’enthousiasme et de projets mérite d’être connue. Personnellement, j’aime beaucoup son travail, j’espère que vous apprécierez aussi.

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Pour débuter, peux-tu nous raconter comment tu as découvert l’art du Drag ?

J’ai d’abord découvert le Drag vers 2004 (durant mon adolescence), grâce aux Dragqueens présentes aux soirées d’un petit bar LGBT de Béziers, dans le sud de la France.  Puis, plus tard, au fil des Pride de Montpellier. A mon époque (oui je suis vieille), le Drag n’était pas si popularisé et visible, et Rupaul n’avait pas encore son émission. Cet univers m’a toujours fasciné et j’étais en admiration devant leurs personnages, leur art, leur manière d’être, mais j’étais encore très loin de me dire que j’allais en faire un jour.

Qu’est ce qui t’a plu et attiré là-dedans ?

Par militantisme au démarrage, car après plusieurs années dans des associations, j’avais besoin de plus de concret, de terrain et moins de constitutionnel. Être libre et visible pour passer mes messages. M’exprimer à ma façon, tout simplement. Je crois en la lutte intersectionelle et le Drag m’a permis de parler de tous les sujets que cela englobe, comme l’invisibilisation d’une partie de la communauté lgbtqia+, mais aussi la misogynie présente dans la communauté gay, ou encore la masculinité toxique trop présente. Cela m’a aussi permis une remise en question de beaucoup de normes que j’avais intégrées dès mon plus jeune âge.

Je ne pensais pas que ça me permettrait de me déconstruire à ce point-là, ou que m’autoriser autant de choses en tant que personnage aurait autant d’incidence sur mon moi « out of drag ».  De façon générale, le Drag est très libérateur et permet une créativité immense, qui ne s’arrête pas qu’au maquillage. La tenue, les accessoires, la wig, le concept que tu développes, en partant de rien … Tout ça, c’est un processus créatif sans fin.  Ce que je trouve beau, c’est que chacun fait son Drag comme il l’entend. On veut de la diversité, pas des normes bordel !

Vernita-green-dragqueens.fr-interview

Tu te souviens de ta première fois en Drag ? As-tu une anecdote à nous raconter ?

Ma première fois en Drag, c’était lors d’un apéro à la maison avec des amis. Je voulais essayer le Drag depuis quelques temps mais je n’avais jamais touché un pinceau de ma vie. Par chance, mon copain savait un peu maquiller à l’époque, et l’alcool aidant, Vernita est née. Ce soir-là, c’était pas mal fait avec les moyens du bord (surtout des fonds de tiroir d’halloween et du maquillage périmé) et ce n’était pas vraiment joli. Mais l’esprit y était, et surtout j’étais contente.

Mais ma vraie première fois a été ma première sortie pour la Pride de nuit de Lyon en 2019. J’avais trouvé quelques affaires à Emmaüs pour créer une tenue et investi dans un peu de maquillage et le tour était joué. Me retrouver dans la rue, marcher en cortège, hurler la tête haute. J’ai adoré l’expérience.

Pour la petite anecdote, pendant la marche, beaucoup de personnes m’ont prise pour Fifi du Calvaire des Dragones, une autre Drag à barbe lyonnaise, y compris des copines à elle. J’étais flattée et amusée.

Pour parler de Vernita, comment la présenterais-tu aux lecteurs ?

Je dirais que je suis une pin-up barbue, un peu bourgeoise sur les bords, accro à la cigarette et aux bloody marys et qui aime bien se la jouer mondaine entre deux manifs.

Est-ce que ton pseudonyme a une histoire ou signification pour toi ?

Oui bien sûr. Je voulais que mon côté écolo ressorte dans mon Drag, même à travers mon nom. D’où le nom « Green ». Ça fait écolo et Drag de seconde main. J’achète la plupart de mes tenues et accessoires chez Emmaüs ou similaire, et le reste, c’est de la création upcycling avec des vieux rideaux, des housses de canapé et des tissus pas chers.

J’essaie au maximum que mon make-up soit vegan et cruelty free, et j’essaie de faire au mieux pour que mon Drag reste dans mes valeurs éthiques. Après, vu que je suis une Drag française, je voulais ajouter le mot vert en français pour rajouter encore plus et “Vernita” a été trouvé.

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Tu es une Drag à barbe, je vais donc te poser la même question qu’aux autres que j’ai déjà reçus. Est-ce par esthétisme dans la vie civile, ou plus politique ?

C’est plus politique. C’est dingue comme la société a un souci avec les poils ! Surtout envers les femmes. Tout le monde donne son avis alors que ça ne les concerne pas. « Ton corps, ton choix ! » Chez les hommes au contraire, les poils et la barbe sont glorifiés. C’est un symbole de virilité et de masculinité. Je trouvais intéressant de visibiliser les poils et de changer un peu l’image de cette barbe « virile ».

Lors d’une soirée, une personne m’a dit que j’avais une barbe féminine. J’étais tellement contente de ce compliment. Mon message était passé.

Vernita se reconnait à son style pin-up. C’est un style que tu apprécies aussi dans la vie à côté du Drag j’imagine ?

Oui j’apprécie cette esthétique et le côté rétro, le burlesque. J’aime les illustrations et je suis beaucoup de personnes sur Instagram par admiration et pour m’inspirer.  Après, mon style vestimentaire out of drag est plutôt minimaliste, donc rien à voir, mais j’aime l’état d’esprit du milieu pin-up actuel. « vintage esthetic, not vintage values »

Tu savais dès le début que ton Drag serait dans cet « univers » ?

J’adore l’esthétique rétro et j’avais dans l’idée de transformer la vision sexiste et misogyne de la femme au foyer des années 50, pour jouer avec ses codes et y ajouter ma touche drag barbue. J’aime aussi beaucoup le côté quadragénaire bourgeoise qui me permet de parodier les privilégiés et leurs caractères souvent déconnectés du réel, ce qui me fait autant rire que hurler.

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Tu es basé sur Lyon. Est-ce que tu collabores avec d’autres Drags du coin pour faire des performances ou des événements ?

Dès le début de mon Drag, j’allais régulièrement aux événements pour soutenir les autres Drags et me mélanger à la foule pour partager des discussions avec le public. J’ai aussi eu la chance de faire du hosting pour un cabaret burlesque lyonnais, La Salve, organisé par Aurélie de Foresta.

En revanche, je n’ai pas encore pu performer sur scène car je préférais prendre mon temps et être bien dans mes talons avant de m’y lancer, puis la crise covid a mis son grain de sel. Cependant j’ai collaboré avec Zanni Lalune pour une performance vidéo (encore visible sur mon IGTV) lors du Drag show digital du 31 décembre, organisé par la Cuvette (collectif drag grenoblois).

Enfin je fais parti de « La Cousinade », un « coolectif drag » depuis juillet 2020, que nous avons fondé avec deux dragkings, Rico Loscopia et Nixe Amère, et un clubkid/dragking  Zanni Lalune et avec lesquels nous préparons tout doucement des futurs shows et shootings entre deux apéros.

Pour terminer, je te laisse le mot de la fin si tu veux en profiter pour t’adresses aux lecteurs ?

Même si la situation n’est pas évidente ces temps-ci, pensez que vous n’êtes pas seul.e, prenez soin de vous. Dites-vous que c’est OK de procrastiner et de ne pas tout le temps être productive. Il y a un temps pour tout.Restez indulgent.e avec vous-même, et vivement qu’on se retrouve au comptoir. En attendant, vous pouvez me retrouver sur insta pour papoter.

J’espère que cette interview vous a permis de mieux me connaître. Et merci encore à toi, Patsy pour l’opportunité et bisous à toustes.

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Je remercie encore Vernita Green d’avoir accepté mon invitation. Vous pouvez suivre cette DragQueen sur son instagram en cliquant ici.

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