Paloma, la Drag Queen cinéphile

Son nom est Paloma, juste Paloma. Et c’est la Drag Queen invitée du jour afin de mettre en avant son travail.

On parle dans cette interview de ses débuts, de son caractère, du collectif dans lequel elle évolue et de ses projets.

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Pour débuter, peux-tu nous dire de quelle manière tu as découvert l’art du Drag ?

Je n’ai pas de souvenir précis. Mais, je sais que le Drag est arrivé dans ma vie lorsque j’étais très jeune, enfant même. Je me suis toujours transformé en figures féminines, je m’inspirais des actrices, des héroïnes de romans, de ma famille aussi… Ma nourrice me fabriquait des costumes de diseuse de bonne aventure, de sorcière… Je me promenais dans la rue, habillé en Fantomette ou en paysanne. À huit ans, on a peur de rien. Puis, en 2009 je suis arrivé à Paris pour faire les Cours Florent où j’ai joué plusieurs rôles féminins, mais je n’appelais pas ça du Drag. C’est plus tard, avec les premières saisons de Rupaul’s Drag Race, que j’ai réellement découvert le Drag. Et grâce aux films de John Waters. Et puis Priscilla, bien sûr.

Qu’est-ce qui t’a plu et attiré là-dedans ?

Au départ ça me faisait rire surtout. En tant que comédien, j’ai toujours senti que les rôles seraient rares pour un garçon pas hyper viril comme moi, qu’on me catégoriserait toujours dans des emplois caricaturaux. Avec le Drag, j’ai découvert une forme de comédie qui me permet d’être qui je veux, de créer toutes les fantaisies. Un peu comme un super-héros. Et puis je suis costumier à côté, donc j’ai tout de suite été attiré par l’aspect créatif et « camp » du Drag.

D’aimer à en faire soi-même il y a un pas. Est-ce que quelqu’un ou un événement t’as aidé à le franchir ?

Vers 22, 23 ans, j’ai complètement occulté cet aspect de ma personnalité. Je voulais plaire, être plus masculin, correspondre aux normes sociales etc. Je me sentais ridicule de vouloir faire ça. Et quelques années plus tard, sûrement grâce à Rupaul d’ailleurs, j’ai créé Paloma. Tout d’abord pour un projet de film, et puis c’est devenu une partie intégrante de ma vie. Et ça a été libérateur, parce que le Drag a ce pouvoir de libérer quelque chose de fabuleux en vous. Mais je n’ai pas de mère Drag, je suis trop « control freak » pour ça !

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Tu as un souvenir ou une anecdote à nous raconter de ta première sortie en Drag ?

Ma toute première fois sur scène en Drag, j’avais 8 ou 9 ans. Ma mère m’avait écrit un petit sketch pour le spectacle de fin d’année afin de remercier une professeure qui prenait sa retraite. Je jouais la femme du Sous-préfet, je venais lui remettre les Palmes académiques. Ma mère m’avait confectionné une perruque avec de la laine, je portais un tailleur ringard et un petit chapeau… J’étais maquillé comme une voiture volée. C’était très amusant et ça avait surpris tout le monde. Des années plus tard, à 17 ans, j’ai été embauché pour figurer en Drag sur la scène de la Comédie de Clermont dans une pièce de Fassbinder. Je partageais la scène avec un vieux travesti italien, c’était très amusant. Je ressemblais à une prostituée dans un film d’Almodovar.

Pour parler de Paloma, comment la présenterais-tu aux lecteurs ?

C’est difficile pour moi de la définir car contrairement à la plupart des Drags Queens ou Kings, je n’ai pas un stylé arrêté. J’aime changer de tête, créer des personnages différents. Mais Paloma est tout de même très inspirée par les chanteuses des années 80 (Cher, Bonnie Tyler, Mylène Farmer, Catherine Ringer…) par la série anglaise Absolutely Fabulous, et par les actrices de Pedro Almodovar. Le cinéma a toujours été une source de références importante pour moi, parce que j’ai besoin que mon look raconte une histoire, évoque une époque, une atmosphère. Je dirais que Paloma est une diva du disco, mais aussi une rockeuse New Wave, et une actrice espagnole au bord de la crise de nerfs. Un peu tout ça…

Est-elle éloignée de toi dans la vie civile ou non ?

Non. Je ne change pas vraiment de personnalité. Je ne me cache pas derrière Paloma, au contraire, je dirais que Paloma est une version plus sociable et plus festive de moi-même. Hugo est plus solitaire et casanier que Paloma. C’est amusant d’ailleurs parce que beaucoup de Queens sont plus cyniques et shady lorsqu’elles sont en Drags, moi c’est un peu le contraire. Peut-être parce que j’ai une grande confiance en moi dans la vie, et que Paloma n’est pas un masque ou un exutoire pour moi. Je préfère être une Queen sympathique.

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Ton pseudonyme a-t-il une histoire ou signification pour toi ?

Oui. Je voulais un prénom unique, sans nom de famille à rallonge derrière. Je voulais un prénom espagnol qui puisse évoquer le cinéma d’Almodovar et les années 80. Et comme j’ai une tête de Picasso, avec un grand nez et une asymétrie à la Rossy de Palma, j’ai pensé à Paloma. En hommage à Paloma Picasso, fille du peintre, femme d’affaires et créatrice de mode très célèbre dans les années 80. Une femme inspirante avec de la poigne, et beaucoup de charisme.

Tu as de nombreux looks très différents. Tu aimes te laisser porter selon tes envies ou les influences du moment ?

Je me lasse très vite et je n’aime pas me répéter. Pour moi, chaque occasion de faire du Drag est une opportunité de devenir un personnage différent. Je partage ça avec Sergueï, mon fils Drag king. On aime inventer des duos, caricaturer l’image du couple hétéro-normé… Et puis nous sommes costumiers et réalisateurs tous les deux, donc on a toujours mille idées de personnages, de costumes. Pour le calendrier 2020 on s’était vraiment amusé comme des petits fous avec nos looks, on aimerait bien refaire une série dans cet esprit d’ailleurs…

Tu fais partie du collectif Les Matriarcas. Peux-tu nous en parler un peu ?

C’est un collectif Drag Queer composé de six créatures : Kashalena, Zi, Vania Siempre, Lova Siempre, Sergueï et moi-même. J’ai rencontré Lova sur un tournage où nous étions tous les deux costumiers, elle m’a présenté son groupe et j’ai ramené Sergueï dans mes bagages. On est très différents/tes les uns/unes des autres, et c’est l’intérêt de ce groupe, on a tous quelque chose à dire. Avec Sergueï, on est clairement les deux clowns de la bande, certains/aines sont plus conceptuels, plus poétiques, d’autres plus mode etc. Je dirais que ce qui nous lie c’est avant tout une vraie conscience de l’aspect politique du Drag, et un désir de divertir tout en faisant un pied de nez aux normes de genre.

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As-tu des projets pour Paloma, ou pour tes activités annexes, dont tu aimerais nous parler ?

Je viens de terminer mon dernier film, sobrement et humblement intitulé « Paloma ». C’est l’histoire d’une rencontre entre une Drag Queen et une chauffeur routier. J’ai écrit ce film il y a des années, et c’est comme ça qu’est naît mon personnage. Je crois que le personnage a un peu dépassé la fiction…

Avec Sergueï on ne désespère pas de pouvoir faire une saison 2 de Gourmandes ! (La saison 1 est disponible ici sur YouTube). On s’est tellement amusé à créer cette série, on aimerait bien retourner aux fourneaux. Et puis j’ai des projets de pièces, de films… Dont un grand projet que je garde secret pour l’instant.

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Je remercie encore Paloma d’avoir pris le temps de répondre à mes questions. Vous pouvez la suivre ici pour connaitre ses futurs projets et découvrir ses looks.

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2 réflexions sur “Paloma, la Drag Queen cinéphile

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