AuRa : La Drag guerrière

AuRa est une invitée que je suis vraiment ravi d’avoir sur le site. En Ukraine, le jour, Arthur enfile l’uniforme et prend les armes pour la liberté de son pays. La nuit il met ses plus beaux vêtements et perruques de Drag pour divertir les populations en soirée.

Il nous raconte son parcours, nous parle de la scène Drag en Ukraine et du fait qu’il continue les shows même durant cette période trouble dans le pays.

 

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Pour débuter, peux-tu nous dire comment tu as découvert l’univers du Drag ?

Depuis l’enfance, j’ai toujours été intéressé par le théâtre et l’art de la réincarnation. Mon film d’enfance préféré est Mme Doubtfire. Il a participé activement à des productions théâtrales à l’école, puis à l’université. Le temps a passé et l’émission de RuPaul est apparue sur Internet. J’ai regardé plusieurs saisons et j’ai eu l’idée de créer mon propre look, contrairement aux autres. J’y ai pensé pendant 3 ans, j’ai longtemps réfléchi si j’en avais besoin.

Il y a un évènement spécial qui t’as fait oser franchir le pas d’en faire toi-même ?

Le soir du Nouvel An, j’ai décidé que je voulais créer ma propre Dragqueen. Et la période de préparation de trois semaines a commencé. J’ai commencé à étudier plus en détail l’art du maquillage, j’ai appris à travailler avec des perruques, à faire des coiffures.

Tu as un souvenir particulier de ta première sortie en Drag ?

Ma première apparition dans une boîte de nuit à Kiev a été une surprise pour beaucoup de mes amis. Ils ne savaient pas que je changerais de vêtements. Et quand je suis arrivé, personne ne m’a reconnu jusqu’à ce que je dise que c’était moi. Beaucoup l’ont aimé, alors j’ai décidé de recommencer, mais déjà dans un look différent.

Comment présenterais-tu AuRa aux lecteurs ?

AuRa est une sorte de femme guerrière qui fait preuve de force d’esprit pour être courageuse pendant la guerre en Ukraine et qui est indomptable. Indépendamment de la façon dont quelqu’un est habillé, de sa couleur de peau, de sa foi ou de son orientation sexuelle… Si une personne est prête à défendre son pays contre l’ennemi, tout le reste doit être mis de côté.

Elle te ressemble dans la vie civile ?

AuRa et moi sommes deux personnes différentes. Si Arthur est plus réservé, calme et aime passer du temps chez lui dans le jardin et travailler avec les abeilles. Au contraire, AuRa est une femme qui a besoin d’une attention constante, de nouvelles connaissances, de musique forte et de longues fêtes.

Ton pseudonyme a-t-il une histoire ?

En créant mon image, il y a eu un moment où j’ai commencé à choisir un nom pour ma reine. Par conséquent, il a combiné un certain symbolisme. AuRa est une combinaison d’or – Aurum et du dieu égyptien du soleil – Ra. De plus, chaque personne a sa propre aura, qui crée un champ biologique autour d’une personne et la protège. Par conséquent, mon AuRa est la protection des personnes.

Est-ce qu’il y a un style AuRa durant tes prestations ?

Chaque apparition d’AuRa dans un club pendant un show est un moment inattendu. Car personne ne sait quelle chanson je vais interpréter, quelle image j’aurai et quelle robe je porterai. Soit dit en passant, en termes de vêtements, à chaque fois, j’ai une nouvelle robe, des bijoux et une perruque nouvellement coiffée.

Tu es une Dragqueen en Ukraine, comment cela est perçu de pratiquer cet art dans le pays ?

Les événements actuels en Ukraine montrent que nous sommes européens. Nous avons une attitude complètement différente envers les personnes LGBTQ+. Nous percevons normalement le monde civilisé, contrairement à la Russie, qui ne le perçoit pas et opprime les droits des personnes de toutes les manières possibles.

À ma grande surprise, le fait d’être une Dragqueen est tout à fait normale entre collègues et amis. Il n’y a eu aucune condamnation ni aucun gros mot dans ma direction. Je peux librement quitter le club de bonne humeur et marcher dans la rue, prendre un taxi ; et ne pas m’inquiéter pour moi et ma situation. Les gens aiment ça et ça crée de la bonne humeur.

Pendant cette période très difficile dans ton pays, tu as choisi de continuer de te produire et de divertir. C’était un devoir pour toi ?

A partir du 24 février, lorsque la guerre à grande échelle a commencé, j’ai pris une pause de 5 mois. C’est seulement après de longues conversations avec mes amis, qu’ils m’ont convaincu que je devais recommencer à participer au spectacle, et donner aux gens de la bonne humeur. Afin qu’ils puissent, au moins pour un court instant, oublier les terribles événements en Ukraine. C’est une sorte de libération émotionnelle. De cette façon, j’aide les gens qui viennent à mes spectacles à effacer des souvenirs difficiles de la guerre

Les Ukrainiens se sont montrés européens, avec des valeurs européennes et le désir de faire partie du monde civilisé. De cette manière, nous nous montrons radicalement différents des Russes.

Pour terminer, comment vois-tu ou espère-tu la suite pour AuRa ?

Je rêve que mon image continue à se développer et atteindre de nouveaux sommets. Il y a une idée d’une émission de divertissement à la télévision, à l’image d’AuRa. Et j’espère qu’il en sera ainsi. Ce sera aussi, pour que plus de gens apprennent mon histoire, nous montrant comme des gens courageux et libres qui ne craignent pas les menaces de la Russie et de cette guerre. Nous sommes forts et allons certainement gagner.

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Merci encore à la Drag AuRa d’avoir accepté mon invitation et de nous avoir parlé d’elle et de son pays. Pour voir son travail et suivre ses projets, cela se passe sur son Instagram ici.