L’artiste invité : Kid Toussaint pour Ennemis

Passionné de BD depuis des années, je suis ravi d’accueillir aujourd’hui un scénariste en invité, en la personne de Kid Toussaint. Ce créateur d’histoire est si prolifique que vous avez peut-être déjà vu son nom passer.

Il répond aujourd’hui à mes questions à l’occasion de la sortie du diptyque Ennemis aux éditions Grand Angle.

L’histoire de Philip St. George Cooke et de son équipe de bras cassés face aux plans du Confédéré Jeb Stuart en pleine Guerre de Sécession.

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Pour débuter, quel est votre rapport avec l’univers Drag, si vous en avez un ?

Pas vraiment. Si ce n’est que j’ai longtemps vécu la nuit et que la nuit, on en croise parfois, dans des lieux festifs, comme s’il s’agissait des créatures mythologiques. On se dit souvent que la nuit leur appartient plus qu’à nous, que nous, on ne fait que passer.

Avez-vous déjà assisté à des spectacles ?

Oui, probablement, dans des bars ou des clubs… Mais j’ai plus de souvenirs de spectacles travestis, car mon oncle en faisait quand il était plus jeune avec sa troupe. Je me souviens de paillettes, de maquillage outrancier, de perruques et de faux-cils, de play-backs, de quelques moments émouvants… mais surtout de beaucoup de blagues et rires.

Niveau actualité on se parle pour la sortie de votre nouvelle BD Ennemis. Êtes-vous content des premiers retours, si vous prenez le temps de les regarder.

Oui, j’en suis très content. Bon, je ne lis que les critiques que l’on m’envoie alors peut-être que l’on ne m’envoie que les bienveillantes… Mais je pense que l’on a trouvé un ton avec Tristan qui nous amuse beaucoup. Et je suis ravi de voir que ça amuse d’autres gens.

Dans quel état d’esprit êtes-vous avant la sortie d’une BD ? Est-ce toujours le même selon les BD ou les tomes ?

En général, je ressens beaucoup d’excitation et un peu d’angoisse. Cette année, l’angoisse a peu pris le dessus parce qu’on est plus que jamais éloigné du public. Rien ne vaut la rencontre avec les lecteurs.

Kid Toussaint interview dragqueens.fr
Kid Toussaint © chloe volmer

Vous êtes très prolifique, comment vous viennent en général les idées de scénario ? Et pour celui-ci ?

Elles ne viennent de nulle-part en particulier et de partout en général. Ici, passionné d’histoire, je trouvais que la guerre de sécession – si on prenait un peu de distance – était un joli terrain de jeu pour un scénariste… mais tout ce que je lisais ou apprenais sur le sujet avait déjà été utilisé par Cauvin et Lambil pour un album des Tuniques Bleues.

Ennemis se passe durant la guerre de sécession. Avez-vous fait des recherches sur cette période ? Ou le monde de la BD permet plus de liberté dans les histoires ?

Je ne pense pas que l’on puisse se permettre plus d’incohérences qu’au cinéma. Il y a des spécialistes et passionnés dans toutes les matières qui peuvent lire votre BD et vous tomber dessus. Une BD sur la guerre (n’importe laquelle), les avions, les voitures etc., trouvera toujours un fan qui va repérer les incohérences. Donc, oui, je me suis pas mal documenté mais c’est une partie du travail que j’aime beaucoup. En revanche, la fiction nous permet d’inventer une histoire dans un contexte précis. En BD, on autorise peut-être un peu plus la caricature.

Sans faire de parallèle, la période évoquée me fait penser à ma série préférée Les Tuniques Bleues, êtes-vous fan également ?

Oui, on peut dire cela. Je lisais peu de Franco-Belge étant petit mais les Tuniques Bleues me plaisaient beaucoup. J’étais déjà passionné d’histoire et j’aimais bien la mécanique du binôme Blutch/Chesterfield. En revanche, je n’avais pas lu tous les albums avant de m’attaquer à Ennemis. J’ai donc été stupéfié de voir l’impressionnante quantité d’anecdotes liées à la guerre civile américaine utilisées.

Est-ce que vous avez mis un peu de vous dans l’un de ses personnages ? Ou dans d’autres de vos nombreuses créations.

Les écrivains parlent toujours d’eux-mêmes et de leur époque, j’imagine que je n’échappe pas à la règle et qu’il y a un peu de moi dans chacun de mes personnages… Bon, ici, les personnages sont surtout des psychopathes mais ils ont certainement des qualités bien cachées.

Kid Toussaint interview dragqueens.fr

Tristan Josse, le dessinateur est très « jeune » dans cet univers de la BD. Est-ce vous qui avez eu l’idée d’aller vers lui pour cette collaboration ?

Et bien, cette fois, non, ce n’est pas moi, mais l’éditeur Hervé Richez qui a eu l’idée de cette collaboration. Il avait déjà mon histoire sous le coude et il a découvert le travail de Tristan. Il a réalisé le parfait mariage pour ce projet selon moi, tant l’entente avec Tristan a été parfaite et son travail sur le projet des plus adéquat, ce juste-milieu entre la précision réaliste et la caricature toute bédégénique.

Votre fil rouge personnel dans vos histoires, c’est l’acceptation de la différence. J’avoue humblement ne pas connaître par cœur toutes vos œuvres. Y a-t-il déjà eu un personnage LGBT dans l’une de vos histoires ? Est-ce qu’une Drag Queen pourrait prendre part dans une de vos BD un jour ?

Il y a souvent, oui, l’acceptation de la différence (la sienne et celle des autres) mais aussi, régulièrement, une quête identitaire. Il y a effectivement des personnages LGBT : Dans Magic 7, dans Elles, dans 40 éléphants aussi…mais en général de façon plutôt discrète (par peur de faire du cliché ou du racolage, je pense). Une Drag Queen pourrait apparaître un jour dans un de mes albums, oui. Au contraire de ce que j’écris habituellement avec des personnages qui se cherchent, une Dragqueen me semblerait plutôt être un personnage qui s’est trouvé, qui l’affirme et le revendique. Elle jouerait donc plutôt un rôle de mentor ou de « bonne fée ». Ce serait un challenge.

Pour terminer, vous avez encore de nombreuses actualités à venir. Est-ce qu’il y en a absolument ne pas manquer ?

Je ne peux pas choisir entre mes enfants, ce serait indécent alors, je vais citer les dernières sorties : Love, Love, Love (l’histoire d’amour entre une femme et un robot), Absolument Normal, Elles, Animal Jack, Magic 7 (le dernier tome de la série sortira en mai) et Télémaque.

Et je ne cite aucun de mes collaborateurs comme un goujat car ce serait un générique entier.

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Merci à Kid Toussaint pour son temps dans un emploi du temps très chargé. Vous pouvez le suivre sur son Instagram pour découvrir son travail et ses futures sorties.

Ennemis est déjà disponible chez vos libraires et sur les sites de commande. Vous devriez apprécier cette BD pleine d’action, d’amitié et d’humour.

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