Nyx Lightning-Flash en interview

Nyx Lightning-Flash nous vient d’Arras. Iel fait parti d’une house et partage son Drag entre Queen et King. J’ai donc trouvé cela intéressant d’en parler avec iel.

J’espère que vous serez aussi intéressé que moi par ses réponses.

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Est-ce que tu peux nous dire de quelle manière tu as découvert l’art du Drag ?

Je pense que j’ai découvert cet art en plusieurs étapes. J’avais déjà vu des DragQueen, je connaissais Conchita Wurst, mais je n’avais pas forcément de mot mis dessus. (Les kings étaient totalement inconnus à ce moment-là dans mon esprit).

Quelques années plus tard, ces questions de genre et d’arts se sont mêlées à la fac. J’étais en arts du spectacle et j’ai eu la chance d’être membre d’une petite compagnie qui a évoqué ce sujet-là sur scène. En parallèle, j’ai aussi, comme bien d’autres artistes Drags, découvert Rupaul’s drag Race. C’est à ce moment-là que j’ai mis un mot sur ces transformations.

Qu’as-tu aimé là-dedans ?

L’idée que tout est possible. Sans être forcément interdit ou quoi que ce soit. J’ai toujours vécu mon enfance comme le gamin un peu différent, qui ne fait pas du foot comme tous les autres petits garçons, qui préfère faire la chorale, le théâtre, la musique. Et qui est plus à l’aise avec les filles qu’avec les garçons. Le travestissement, je le connais depuis toujours comme une blague, un déguisement idiot qu’on fait en fête de village ou de famille. Pas comme un art à part entière avec le respect qui lui est dû. Et là, j’ai vu le Drag comme un art, un métier, une passion qui réunit tellement de choses. Et c’était aussi peut-être l’idée de passer au-delà de ce qui est autorisé par la société.

Est-ce qu’il y a eu une personne, ou un événement, qui t’ont aidé à franchir le pas de faire toi-même du Drag ?

Les personnes, ça a été celles qui deviendront plus tard mes mamans Drags. Zoé Buttefly, Bibiana Bibita et Samira La.bora.tory. A la fin de ma licence, Zoé m’a contacté pour un projet mêlant les arts du spectacle destiné au jeune public, et le Drag. Et elle m’a demandé d’être un « Co metteur en scène /regard extérieur ». Le projet me bottait totalement et je l’ai rejoint. Et au détour d’une répétition, la flemme un peu présente Zoé, Bibiana et Samira m’ont proposé de tester le Drag.

Durant l’année passée, j’avais déjà osé sortir dans des boîtes avec des talons médiocres, les robes affreuses, sans être Drag ou travesti. J’étais à ce moment « un garçon qui sort en robe ». Spoiler alerte, en fait, je ne suis pas un garçon. Ni une fille. La première tentative m’a vraiment plu, j’ai recommencé, et trois ans plus tard, j’en suis où j’en suis.

Nyx Lightning-Flash-interview-dragqueens.fr

As-tu une anecdote sur ta première fois en Drag ?

La première fois où je me suis transformée… ne sera jamais rendue publique. Je n’avais pas de matériel pour le teint, je ne savais pas me cacher les sourcils. C’est Samira qui m’a appris les rudiments du make-up Drag. Mais elle et moi, n’avons pas la même teinte de peau. En utilisant sa teinte la plus claire j’étais déjà trop foncée. Et puis c’était une première fois, le maquillage est si laid. La robe était trop courte, mais je me rappelle m’être bien amusée et que les liens avec Samira, Bibiana, et Zoé se sont créés si naturellement.

Comment pourrais-tu parler de Nyx Lightning-Flash en quelques mots ?

La question à la fois la plus simple, et la plus dure. Nyx, c’est la déesse de la nuit dans la mythologie grecque. Lightning-Flash c’est l’éclair dans le ciel. Nyx, c’est quelque chose qui passe vite. Un être qui change. Qui surprend. J’avais une conception du personnage au tout début qui change perpétuellement.

Tantôt sombre, tantôt glamour. Tantôt féminin, masculin ou androgyne, ou aucun des deux. Nyx, c’est un amas de tout ce qui me passe par la tête. C’est des tentatives, parfois ratées, parfois réussies. Nyx, c’est du sexy mais pas trop quand même. C’est l’unique dans le banal.

Est-ce que Nyx te ressemble dans la vie civile ?

Oui et non je pense. C’est une partie de moi plutôt qu’un personnage à part entière. Nyx à ce côté plus extraverti, plus sociable. Mais plus gênant aussi parfois (souvent). J’ose plus quand je suis en Nyx, que quand je ne le suis pas. Peut-être parce que Nyx sort déjà des cases de la société et est plus visible.

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Ce pseudonyme a-t-il une histoire ou signification pour toi ?

J’ai déjà un peu répondu juste au-dessus, mais pour moi Nyx, c’est quelque chose de mystique. Il fait savoir que quand j’ai choisi ce nom, je ne connaissais même pas la marque de maquillage. Je ne me voyais pas avoir un nom qui faisait référence à d’autres artistes, ou un jeu de mots. Je ne voulais pas trop de mettre de case à travers mon nom, pour ne pas mettre de case à mon univers.

Tu fais des looks aussi bien en DragQueen qu’en DragKing. Peux-tu nous parler un peu de « choix » ?

Quand j’ai commencé le Drag, ça a été avec le Queen, mais j’ai vite découvert le King grâce notamment à Landon Cider. Et dans ma recherche d’esthétique Drag, la question de mon propre genre est venue. En tant de personne non-binaire assigné homme à la naissance, j’imaginais les idées d’androgynie presque obligatoire. Et je me suis presque refusé toute cette part de masculinité chez moi. Et tester le King, ça a été pour moi une manière de reconnaître que cette masculinité est présente en moi, et que je peux jouer avec. Que je n’ai pas à la refouler, et que cette masculinité dans laquelle j’ai été élevé et presque moulé à des choses à dire, et qu’elle ne s’effacera pas. Alors autant l’embrasser.

J’en fais encore très peu, parce que je ne me sens pas tout à fait légitime, et que parce que je suis aussi Queen. Je ne veux pas prendre la place des Kings déjà présents, et leur voler leurs voix et leurs messages.

Tu fais partie de la House of Poppy, pourrais-tu nous la présenter pour la mettre en avant ?

La House of Poppy est la House Drag d’Arras. On a décidé de ce nom car le coquelicot est le symbole d’Arras, mais aussi parce que le lapin de Zoé et Samira s’appelle Poppy. Et c’est devenu notre mascotte. Elle est née avec Samira Bibiana et Zoé dont j’ai parlé avant, et à laquelle je me suis rajoutée. Arrive ensuite Nina Drag.on. Ma sœur que j’adore détester. Maddie mon autre sœur. Viennent ensuite Bob, mon fils Drag King, même si peu présent sur la scène, il a une place particulière dans mon cœur. Et pour terminer ma nièce Oksana.

Cette house est un amour car elle rejoint des personnes de tout âge, tout horizons et de tout univers. Certains sont des Glams comme Oksana. Certaines très artistiques et recherchées comme Samira, d’autres très colorées comme Zoé. Même dans nos shows, on a des univers très différents, et au lieu de chacun se séparer on a tous quelque chose à apporter aux autres. On n’est pas forcément la House la plus présente dans le milieu, mais Nina et Oksana commencent à se faire un nom dans la région et sur les réseaux. Je fais aussi mon petit bonhomme de chemin, tout en restant attachée à elleux malgré la distance.

Pour faire la pub un peu, on a participé cet été (2021) à un festival étudiant où Nina, Bibiana et Maddie étaient sur scène, et moi en vidéo parce que faire 1000km pour 1h de show c’était un peu compliqué.

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Est-ce que la scène Drag à Arras est développée ? Où est-ce que tout se passe encore à Lille par exemple ?

La scène arrageoise est pour ainsi dire quasi inexistante, ou très peu représentée. Mais pour le show, on se déplace à Lille généralement. C’est là que vous retrouverez notamment Nina et Oksana. On aimerait développer un peu de côté Drag et Queer sur Arras, mais le travail est difficile, et la période n’aide pas non plus.

As-tu des projets que tu aimerais être en avant ? En solo ou avec ta House ?

Ayant bougé dans le sud récemment les projets sont un peu au point mort. J’aimerai quand même mettre en avant un projet récent auquel j’ai participé. Il s’agit des 3 ans de la GLaM against the machine créé par Frida Salo qui m’a laissé carte blanche, et où j’ai pu mettre en scène pour la première fois un texte écrit de ma main.

Pour le futur, que ce soit en solo ou avec les Poppy, je ne sais pas encore. Le futur est plein de possibilités, et qui sait où nous serons toustes demain ?

Pour terminer, aurais-tu un petit message pour les lecteurs ?

Tout d’abord, j’aimerais te remercier Patsy pour cette occasion. Je ne me considère pas comme un artiste de grande Zone avec de grands messages, une grande visibilité. Malgré mes 3 ans de découverte, je me considère encore comme une baby et je me cherche toujours.

Pour vous les gens, qui que vous soyez, j’aimerais vous dire qu’il est important de changer et d’évoluer, car tel est mon cas. C’est normal de ne plus être le.a même qu’hier, et que si quelque chose de vous était vrai il y a heure mais ne l’est plus maintenant, c’est OK !

Aimez-vous. Et même si vous ne vous aimez pas, essayez de voir ces petites choses que vous aimez chez vous, ces petites victoires, ces petits moments qui vous font avancer.

Aussi il faut boire de l’eau, c’est important.

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Merci à Nyx Lightning-Flash d’avoir fait un arrêt sur ce site pour nous parler de son parcours et de son travail. N’hésitez pas à cliquer ici pour découvrir son compte Instagram.

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