Ater Black : la Drag sexy et méchante

Ater Black, est étrangement le premier Drag a représenté l’Italie à être en interview sur le site. Je suis très content que ce soit un Drag Monster car j’aime mettre en avant ce style de Drag moins connu du grand public.

Découvrez son parcours, son travail et ses envies dans cette interview sincère et pleine de confidences.

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Pour commencer, peux-tu nous dire comment tu as découvert l’art du Drag ?

J’ai fait du cosplay pendant environ 8 ans. J’aimais l’idée de pouvoir jouer un personnage et de créer le costume. Mais lorsque vous faites un cosplay, vous devez coller autant que possible au design original, alors que je voulais créer mon propre costume. Je regardais Drag Race, mais ce n’était pas le genre de Drag que je voulais faire. Un jour, j’ai découvert The Boulet Brother’s Dragula et j’ai été époustouflé. À partir de ce moment-là, j’ai commencé à créer mon propre Drag Monster.

 Y a-t-il une personne ou un événement qui t’as aidé ou persuadé de franchir le pas et de faire du Drag ?

Dragula m’a aidé à comprendre que le type de Drag que je voulais faire était « valable ». La première fois que j’ai vu Victoria Elizabeth Black dans la saison 2 avec son look Cénobite, je me suis dit : « Un jour, je veux être aussi bonne. » Et j’y travaille ! Il y a des années, lorsque j’ai commencé à faire du Drag, une autre personne a été essentielle pour moi : mon meilleur ami Andrea. Il m’a encouragé à tenter ma chance et à ouvrir une page Instagram pour partager mes œuvres. Je lui en serai toujours reconnaissante.

As-tu une anecdote ou un souvenir particulier de ta toute première fois en Drag ? En privé ou en public.

La première fois que j’ai fait du Drag dans ma chambre, je me souviens avoir eu tellement de difficultés pour cacher mes sourcils ! C’était un cauchemar à chaque fois. Et c’est assez ironique, puisque je les couvre maintenant en cinq minutes environ. La première fois n’a pas été particulièrement excitante : j’ai essayé un maquillage très féminin (Drag Race était ma seule inspiration.) et ce n’était pas ce que j’avais en tête. Au contraire, ma première fois en live, c’était lors d’un concours et Ater black avait toutes les caractéristiques qu’il a aujourd’hui. Je me suis sentie vraiment belle, ce que je ne ressens pas souvent étant donné ma faible estime de moi.

Ater Black dragqueens.fr

Comment présenterais-tu Ater Black aux lecteurs ?

Ater Black est le modèle que vous verriez défiler sur les podiums de la Hell’s Fashion Week. Ater black est connu pour créer tous ses looks, pour ses performances très sexy, et aussi pour être le méchant de la scène.

Est-ce qu’il te ressemble dans la vie civile ?

Absolument pas ! Ater est à bien des égards l’opposé de Michele, notamment en termes de confiance. Ce qui m’unit à mon personnage est le goût pour la mode et l’horreur. Et l’amour de la culture sous toutes ses formes.

Y a-t-il une origine ou une histoire à ton pseudo ?

Ater est le mot latin pour noir (le latin est une de mes matières préférées.), mais plus que du simple noir. Il a une profondeur grave, dépourvu de tout lustre que le noir peut avoir : un noir brut, silencieux, menaçant. Le mot est également utilisé en latin de manière figurative pour désigner des personnes lugubres, effrayantes et cruelles. Ater est également l’anagramme du mot ARTE (art en italien). Black est un hommage à ma première et principale inspiration, Victoria Elizabeth Black.

Ater Black dragqueens.fr

Tu es un artiste dragqueer. Savais-tu dès le début que ce serait comme ça ? Y a-t-il une raison derrière ce choix ?

Oui, je savais dès le départ que mon Drag allait être comme ça. Mais j’ai eu beaucoup de mal à trouver un modèle pour m’inspirer. À part Dahli (candidat de la saison 4 de Boulet Brother’s Dragula NDLR) qui a toujours été l’une de mes plus grandes sources d’inspiration, ce type de Drag n’est pas bien représenté. Le message derrière mon personnage est clair : le Drag est une représentation unique du genre. C’est pourquoi il existe des drag queens et des drag kings qui s’inspirent de la masculinité et de la féminité. Cependant, de nos jours, nous savons que les genres ne sont pas fixes et immuables, et je veux représenter cette fluidité des genres avec mon Drag.

Tu vis et te produis en Italie, quel est ton point de vue sur la scène drag dans ta ville ou ton pays ?

Alors, la scène Drag italienne est très diversifiée et florissante. Mais malheureusement, elle est très classique et pas très ouverte aux nouveautés. Il y a beaucoup d’artistes comme moi en Italie, mais ils ne sont presque jamais valorisés. La préférence va toujours vers le drag classique et binaire. Par exemple, l’ouverture des concours de Drag aux performeurs, aux Kings amab ou aux Queens afab, aux artistes mtf et ftm et aux artistes nb en général n’est arrivée que récemment. Et certains concours basés sur le facteur beauté n’acceptent toujours pas les Queens afab ou même mtf. Heureusement, les choses changent lentement, et je pense que tout va s’améliorer à l’avenir. Nous sommes le vent du changement, et nous sommes prêts à balayer tous les stéréotypes.

Tu participes à des concours, tu as remporté le titre de Miss Italie Reine Campanie 2022. En-dehors de la victoire, qu’est-ce qui te pousses à participer à ce genre de concours ?

Eh bien, juste gagner lol. Je comprends que la participation à un concours peut être un moyen pour beaucoup de se faire connaître. Mais ce n’est pas pour moi. Je suis assez connue, et les concours ici en Italie n’offrent pas de grandes opportunités pour augmenter son audience, car ce sont des événements de niche. Si je participe à un concours, c’est essentiellement pour gagner et nourrir mon ego lol. Je sais que ce n’est pas la réponse la plus sympathique, mais je suis toujours très honnête ahah.

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Peux-tu aussi nous parler de ton expérience passée en tant que membre d’une haus ?

Même si je ne fais plus partie d’aucune haus, je le referais. Parce que j’ai eu l’occasion d’apprendre d’autres artistes qui, à l’époque, en savaient plus que moi à bien des égards. De plus, j’étais la seule artiste de mon genre dans la haus. Et j’ai pu apprendre des autres Queens quelques bases du drag classique, qui me servent encore aujourd’hui.

 Enfin, comment vois-tu l’évolution d’Ater Black à l’avenir ? Y a-t-il un objectif ou un rêve que tu aimerais réaliser grâce à ce « personnage » ?

Mon rêve est de participer à Dragula tôt ou tard, car c’est là que tout a commencé. Cependant, je ne le vis pas comme une urgence, je sais que mon heure viendra. En attendant, je veux profiter des changements qu’il y aura dans mon personnage sans rien fixer. Je crois que tout va où il doit aller par lui-même.

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Merci a Ater Black d’avoir accepté mon invitation sur ce site pour nous faire découvrir son parcours et parler du milieu Drag en Italie. Vous pouvez la suivre sur son Instagram ici. Je lui souhaite le meilleur pour sa carrière et d’arriver à participer un jour au concours de ses rêves.

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