Janice Fine, la drag bavarde (parie 2)

Janice Fine, mon invitée, est une véritable tornade latina a elle toute seule. Il suffit de croiser sa route une seule fois et vous vous en souvenez toute votre vie. Son énergie, son enthousiasme, son gout pour les paillettes et la scène ne peuvent laisser personne indifférent.

Janice est aussi bavarde qu’elle est talentueuse. Ainsi, je vous propose de découvrir sa longue interview avec ici la seconde partie. La première partie est à lire ici. En espérant que son parcours et son travail vous toucheront et vous plairont autant qu’à moi.

 

*****

Tu nous dis quelques mots sur tes soeurs ?

Je pourrais écrire des livres entiers sur mes sœurs !! Je pense que l’on s’aime autant que l’on se chamaille : comme une vraie famille en somme. Il y aurait tellement à dire sur chacune d’entre elles, mais je vais essayer d’être synthétique. Comme tu le sais, ce n’est vraiment pas mon fort !

Ora, c’est clairement la force tranquille, la modeuse, la créative. Celle dont on ne sait jamais à quoi s’attendre, la boss, la présidente ! Elle est toujours là pour nous, pour nous conseiller, nous guider, et nous gronder lorsque l’on faute. Je pense aussi que c’est la plus engagée de nous quatre. J’apprends énormément à ses côtés et elle n’hésite pas à me faire savoir quand j’en fais trop (oui, parfois j’ai tendance à m’emporter… léger léger). Elle arrive vraiment à me canaliser grâce à sa douceur et à son humanité.

Orgy, c’est le feu incarné ! Un caractère vivace, une personnalité ardente, mais un cœur énorme. Ayant des personnalités bien trempées, l’une comme l’autre, on passe notre temps à se chamailler ! Mais au final, on finit toujours par trouver un terrain d’entente. C’est clairement celle qui me fait le plus évoluer. Elle met toujours le doigt où ça fait mal et m’oblige sans cesse à me surpasser et à donner le meilleur de moi-même ! La scène, c’est son domaine et ses conseils sont toujours bons à prendre (mais chut… faudrait pas le dire trop fort !). Derrière ses airs sévères, sa sensibilité est sans égale et sa générosité sans limite… C’est une artiste accomplie, couplée d’un être humain extraordinaire.

Vicky, la petite Vicky adorée ! On ne la voit pas souvent, mais quand elle est là, on la voit arriver de loin ! Je pense que l’adjectif qui la caractérise serait : inattendue ! Elle a cette sensibilité créative qui la pousse toujours vers des contrées inattendues. C’est toujours un régal pour les yeux (moins pour les oreilles). Mais surtout, ce que j’admire le plus chez elle, c’est sa liberté : le courage de ses convictions et la préservation de sa vie privée vont bien au-delà de tout !

En somme, l’on ne s’ennuie jamais à la Scandal’House ! Nous avons fait du brunch drag une institution lyonnaise au sein du NoZe qui nous accueille chaque mois. On met tout notre cœur dans nos projets, qu’ils soient communs ou personnels en s’épaulant à chaque instant et se réjouissant de victoires de chacune. Nous ne sommes pas toujours d’accord, mais un vrai lien fraternel nous unit qui nous permet de briller sans jamais éclipser les autres.

Janice Fine dragqueens.fr

Depuis que je te connais, j’ai l’impression que tu as évolué à une vitesse folle dans tes maquillages et tes looks. Le fait d’être dans une house t’a aidé là-dedans ?

Mille mercis ! C’est vraiment gentil de ta part… En effet, je consacre beaucoup de temps, d’énergie et d’argent (J’en parle dans le premier article que l’on a fait ensemble ici) pour faire évoluer mon drag. Et pour ça il n’y a pas de secret : il faut pratiquer, pratiquer, pratiquer. Au tout début, j’ai participé à un concours Instagram (digi.drag) qui m’a donné un rythme et une discipline d’un make-up par semaine. Tout mon temps libre je le passais à perfectionner mes looks, à apprendre un maximum. Ne jamais dire non à un contrat (sauf si c’est non rémunéré… « paid your queens » comme dit Darling Millie) : vous en tirerez toujours une expérience qui vous fera évoluer.

Le drag est une discipline extrêmement complète. On est à la fois maquilleur, coiffeur, performeur, acteur, chanteur (moi, je fais semblant, mais ça marche aussi), danseur le tout en étant corsetté, tucké et dégoulinant sous nos wigs. Donc oui, la pratique fait le maître mais la passion fait l’artiste ! Et je ne suis qu’à mes débuts ! j’ai encore énormément de choses à apprendre, à perfectionner… Notamment niveau make-up !

Comme je le dis plus haut, c’est vraiment important de s’entourer des gens qui vous aiment et qui n’hésiteront pas à vous dire les choses en face sans avoir peur de vous offusquer. Et je dois avouer qu’au sein de notre house, on est toujours très honnêtes les unes envers les autres. On sait que nos propos seront toujours objectifs et qu’ils ne seront jamais mal interprétés.

Mais au-delà de la Scandal, je pense que c’est toute l’équipe qui m’entoure qui m’a fait évoluer aussi vite. Mes parents sont mes premiers fans, et ça, je peux vous dire que ça compte énormément. J’ai ma mère au téléphone presque tous les jours. Et croyez-moi, elle commente tout ! Les tenues, les performances, les make-up… Et quand ça ne lui plaît pas elle n’hésite pas ! Puis papa, il est un peu plus discret, il me dit sans cesse comment il est fier. Ça vaut toutes les couronnes du monde ! Je vous passe les détails, mais mon frère mes tantes… ils y vont tous de leur avis croyez-moi !

En dehors de ma famille proche, j’ai de la chance de collaborer avec des artistes incroyables qui arrivent à matérialiser mes plus folles envies. Tokyonstories pour les bijoux, Otopsie pour les tenues, Stephane Vitto pour la dance et l’expression scénique, Celia et Greg des designers incroyables qui m’aident pour tout le côté marketing, Parrot makeup qui m’a donné des cours quand j’en avais le plus besoin et j’en passe ! Même si j’essaie de faire un maximum par moi-même, parfois il faut se rendre à l’évidence, et être conscient de ses propres limites.

Je pense vraiment qu’en tant qu’artiste, c’est aussi à nous d’être honnêtes envers nous-mêmes. Et demander de l’aide quand on en a besoin. Ce n’est pas seulement une preuve d’humilité, mais cela permet de faire des rencontres incroyables qui vont faire évoluer notre art à des sphères que vous n’auriez pas imaginées. Maintenant que j’ai dit un truc intelligent, on ne va plus me prendre au sérieux ! C’est tout un art de faire croire que l’on n’est pas maline vous savez !

Et clairement, comme j’aime le dire, sans Ali, je serai dans la rue avec un panneau disant « je fais du drag pour vivre » (#sexandthecityvibes). Elle est tour à tour : ma sœur, ma fille drag, ma community manager, mon habilleuse, ma meilleure amie… Elle est à mon drag ce que l’eau est à la vie : une nécessité !

En somme, derrière tout artiste se trouve une équipe sans qui son évolution n’aurait pas été aussi franche. Parfois quand je suis sur scène je me sens comme une guerrière sailor (#teenagereference) qui porte en elle la lumière de ses sœurs. Elles me donnent la force, le courage et l’envie de m’accomplir et de me surpasser sans compter !

Janice Fine dragqueens.fr

Preuve en est de ton talent, tu as gagné le concours Miss Drag Lyon cette année. Excepté pour gagner, pour quelle raison voulais-tu faire ce concours ?

 En tant que drag, je pense que le plus compliqué dans ce métier, c’est le manque de légitimité. En dehors des make-up artist professionnels qui deviennent de drags, il n’est pas aisé d’avoir un retour objectif sur notre art. Je pense qu’il y un an, j’avais vraiment besoin de me mesurer à d’autres performers, mais surtout avoir un avis objectif de mes pairs. Le jury était extrêmement varié : Chantal la nuit, qui créa le collectif plus belle la nuit, dont j’ai parlé plus haut, Geoffrey un coiffeur incroyable qui voyage partout dans le monde, Fred un maquilleur hors pair, et sans oublier, celle que l’on ne présente plus, Cookie Kunty qui présidait le certam l’année de mon élection !

Puis disons qu’avoir la possibilité de travailler avec des légendes du drag international comme Victoria Idole, ou Mariah Stratton, ça ne pouvait me faire que progresser ! Et clairement depuis un an je vis un rêve éveillé. J’ai pu collaborer avec des légendes comme Claire Crystal ou Lola Vegas, j’ai fait des shows incroyables aux côtés d’anciennes queens du concours, je me suis lié d’amitié avec Emely langdon que je considère comme sœur… Puis surtout, j’ai la possibilité d’aller à la rencontre d’un public extrêmement varié qui nous encourage et nous pousse à donner le meilleur de nous-même !

Ce titre t’a donc vraiment ouvert encore plus de portes et de possibilités ?

C’est certain ! Aujourd’hui grâce à ce titre vous tapez « drag lyon » sur Google et j’apparais en premier ! Comme dit ma sœur Ora : j’ai payé assez chère pour ! Blague à part, je pense que ce concours m’a vraiment donné accès à un cercle que j’aurais sûrement mis plusieurs années à conquérir. J’ai rencontré des journalistes, des photographes, des professionnels de la nuit, des restaurateurs… Clairement, ce concours ne m’a pas seulement permis de prendre confiance en moi, mais aussi d’ancrer le désir d’aller toujours plus loin, de toujours me surpasser. Et de faire tout mon possible pour être à la hauteur des artistes avec qui je collabore.

Ce fut vraiment l’année de mes premières fois : mon premier article de presse, première séance photo dans un grand studio photo (mille mercis pour cette expérience Didier Michalet), mon premier booking hors Lyon (Darling Milie je reviens quand tu veux à Rennes), premier podcast qui est actuellement disponible sur deezer lyonsoqueer, ma première pride en drag, mon premier contrat pour un particulier, ma première tournée qui durera tout l’été… Bref ce fut une année riche et je souhaite sincèrement que ma successeuse vive à fond cette expérience l’année prochaine.

Et n’oubliez pas Janice est toujours ready alors bookez la ! En France, à l’international, pour un baptême, un enterrement, elle fait tout !

Janice Fine dragqueens.fr

Pour finir, comment vois-tu évoluer Janice dans le futur ? Est-ce qu’il y a un but ou un rêve que tu aimerais réaliser grâce à ce « personnage » ?

Il y a tellement de choses que j’aimerais réaliser ! Pour commencer j’ai mon merchandising qui va sortir en Septembre et que vous pourrez retrouver en exclusivité à chaque date du Janice’s summer tour et sur Etsy !! Cela fait plus d’un an que je suis sur ce projet. Je dois avouer que j’ai hâte de voir comment il sera accueilli par le public ! Avec un peu de chance « ICONIC » By Just Janice Fine évoluera et proposera d’autres produits dérivés… Qui sait ?!

J’ai aussi fondé ma propre House : « The house of Janice ». Je resterai à jamais une scandaleuse, c’est certain. Mais j’ai eu l’envie de prendre un peu mon indépendance et devenir une vraie working girl (Plus qu’à trouver un tailleur Mugler et des Louboutins à ma taille !). J’ai accueilli ma première fille qui va me donner du fil à retordre, mais ce n’est que du bonheur ! Vraiment ! Et qui sait, d’autres suivront peut-être !

En Septembre, je rends ma couronne, mais croyez-moi, mon règne ne fait que commencer ! Le ciel est notre seule limite, croyez en vos rêves, accrochez-vous, bossez, et vous verrez : ils finiront par se réaliser !

*****

 

Merci à Janice Fine d’avoir accepté mon interview pour parler d’elle. N’hésitez pas à la suivre sur Instragram ou à aller l’applaudir à Lyon, seule ou en compagnie de ses soeurs.

2 réflexions sur “Janice Fine, la drag bavarde (parie 2)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *